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Congrès AFVAC 2008

 

Congrès annuel de l'Association Française des Vétérinaires

pour Animaux de Compagnie (AFVAC)

- Strasbourg, 27 novembre 2008 -

Pour la 4ème année, l'AFVAC organise, en marge du Congrès réservé aux vétérinaires, une journée dédiée aux éleveurs canins et félins.

Les thèmes abordés par les conférenciers étaient représentatifs des problèmes auxquels peuvent-être confrontés les éleveurs et propriétaires de chats. En voici un compte-rendu qui, je l'espère, répondra à votre attente.

 

SUR LES TRACES DE LA PIF (C. BOUCRAUT-BARALON)

Malheureusement, il n'y a pas d'évolution notoire en ce qui concerne la recherche et l'identification de la Péritonite Infectieuse Féline (PIF). A ce jour, il n'existe toujours pas de test permettant de distinguer les coronavirus entériques bénins des coronavirus mutés développant une PIF maladie.

Une mutation dans le virus (délétion) a bien été identifiée mais cette mutation ayant été observée tant chez les chats atteints de PIF que chez les chats "positifs" mais non atteints de PIF, elle n'a pas pu être exploitée pour mettre au point un test valide.

Le vaccin constitue une piste intéressante mais pas dans les 5 à 10 ans à venir.

Les différents types de tests : Les tests sont principalement divisés en 2 catégories :

-Les tests sérologiques : Ils détectent dans le sang la présence d'anticorps.

-Les tests virologiques : (quantitatif – exemple : par PCR). Ils détectent directement la présence du virus dans le sang et/ou les féces.

Gestion et dépistage des coronavirus : Le dépistage systématique des coronavirus n'a d'utilité qu'en élevage et/ou collectivité afin de pouvoir mettre en place un plan de gestion sanitaire.

Le diagnostic devra être établi à partir d'une PCR quantitative effectuée avec un test validé pour cet usage. Dans ce contexte, la sérologie présente peu d'intérêt car il y a beaucoup de faux positifs et de faux négatifs.

Les différentes étapes du dépistage :

·1 Etablir si l'élevage (ou la collectivité) est contaminé (absence ou présence de virus et/ou d'anticorps).

·2 En cas de séropositivité : Il convient de détecter les adultes excréteurs par une PCR quantitative.

En cas de charge virale élevée, il faut isoler le chat et le tester à nouveau au bout d'un mois.

On considère comme "porteur chronique" le chat ayant subit 2 PCR consécutives montrant une charge virale élevée. Certains préconisent 3 tests PCR consécutifs (4 semaines entre chaque test) car il semble qu'il y ait une possible corrélation entre une forte charge virale évaluée par PCR sur les féces et le statut de "porteurs chroniques" (excréteurs chroniques). La recherche de virus dans le sang n'offre aucun intérêt pour ce dépistage.

·3 En cas de charge virale faible (2 tests consécutifs): On considère qu'il s'agit d'un "porteur transitoire".

·4 A la suite de 2 tests négatifs (PCR, test Elisa): Le chat est considéré comme négatif.

Procéder à des analyses est inutile si cela n'est pas suivi par la mise en place d'un plan de gestion dans la chatterie.

En cas de chatons "positifs" : Les chatons présentent toujours une charge virale plus élevée que les adultes et, en principe, cela varie beaucoup d'une analyse à l'autre. S'il y a des chatons "positifs" à chaque portée, il convient de ne pas refaire le même mariage (prédisposition génétique).

En conclusion :

Il faut éviter d'introduire un chaton (ou un chat) "négatif" (sans anticorps) dans un élevage présentant des anticorps.

On observe des flambées de PIF (jusqu'à 80% des chatons élevés) chez les nouveaux éleveurs qui préalablement élevant des chiens, y adjoignent un élevage de chats. Une recombinaison des coronavirus félins est possible. Aucune étude n'a été conduite sur la recombinaison avec des coronavirus canins.

Fabrice CALMES (Juge international FIFe) -présent dans la salle- demande comment un juge peut faire pour ne pas participer à la propagation du virus au moment du jugement ? Le temps réservé à la désinfection entre chaque chat est trop court, il faudrait que le juge ait l'opportunité de se laver les mains avant de se les désinfecter, entre chaque chat.

"L'âge à risque" concernant principalement les chatons, c'est la classe "3/6 mois" qui présente le plus de risques.

 

VIVRE AVEC L'HERPES (G. CASSELEUX, DVM. Royal Canin)

Le virus de l'herpès est un virus fragile qui ne résiste que de 12 à 18h dans l'air ambiant et ne se transmet que par contact direct («nez à nez», accouplement, bagarre, introduction d'un nouveau chat,...). Il ne se localise que sur les muqueuses froides (nez, oeil, gueule). Il passe rarement dans le sang sauf pour des sujets en état d'hypothermie (exemple : chaton de moins de 3 semaines).

Le virus de l'herpès est un virus sournois. Une fois le chat infecté, le virus peut se loger dans un ganglion nerveux labial (dénommé : ganglion trigéminé) et rester à l'état latent jusqu'à ce qu'un événement stressant le réactive.

Plusieurs techniques sont à la disposition du vétérinaire pour procéder au dépistage du virus :

Les méthodes indirectes : En recherchant les traces du passage du virus dans le sang du chat (anticorps). Inconvénients de la méthode : Il est impossible de différencier les anticorps issus de la vaccination de ceux dus à une infection de l'herpès (FHV1) ; La vaccination pouvant entraîner une séropositivité.

Les méthodes directes : (exemple : PCR) Elles consistent à rechercher directement le virus dans les organes ou il se multiplie. Inconvénients : Si le virus est en phase latente, la recherche s'avère souvent négative. Par contre, l'herpès-virus étant un des agents du coryza, la PCR permet de connaître l'origine du coryza (Herpès, chlamydiose, calicivirus,..).

Vivre avec l'herpès-virose : L'herpès-virose se déclenche -en principe- de 2 à 6 jours après la contamination, cependant, lors de charges virales très faibles, l'incubation peut être plus longue. Les signes cliniques sont : Abattements, éternuements, anoréxie, fièvre, salivation excessive, écoulements oculo-nasaux plus -dans les formes graves- des troubles respiratoires, des troubles de la reproduction (avortement) liés plus à l'état de faiblesse de l'animal qu'aux pouvoirs pathogènes du virus.

Le taux d'infection est plus élevé chez les jeunes chatons de moins de 3 mois («trou immunitaire») puis chez ceux de moins de 1 an ainsi que dans les grosses collectivités. Une étude a démontré que dans une collectivité de plus de 50 chats (refuge) le risque était sept fois supérieur.

Gestion et prévention :

La désinfection : La majorité des nettoyants sont efficaces.

Conception de la chatterie : Il est préférable de constituer des petits groupes de chats (4 à 5). La vaccination : Elle stimule l'immunité, réduit les signes cliniques mais ne protège pas contre la maladie. Il est conseillé de vacciner la chatte en fonction de la date de reproduction (avant la saillie) et les chatons à partir de 8 semaines. En cas de gros risques :

Chez l'adulte, une survaccination (tous les 6 mois) peut être envisagée.

Chez le chaton, le vétérinaire pourra recourir à une vaccination précoce.

En prévention : La Lysine présente un intérêt. Le laboratoire Vétoquinol® commercialise un supplément à base de Lysine et certains fabricants d'alimentation pour les chats en inclus dans leurs croquettes.

Association avec le vaccin chlamydiose : L'utilisation systématique de ce vaccin semble controversé. Il présente un intérêt dans certains contextes. La Chlamydiose étant une bactérie, les antibiotiques fonctionnent bien.

 

CARDIOMYOPATHIES – L'AVIS DU CARDIOLOGUE (J.F. ROUSSELOT, DVM, CARDIOLOGUE - COLOMBES)

Chez le chat, on distingue deux groupes de maladies cardiaques :

Les maladies congénitales qui sont beaucoup moins fréquentes chez le chat que chez le chien et les maladies acquises qui comportent : les atteintes des valves (moins fréquentes que chez le chien), les affections des péricardes et les affections musculaires telles que les cardiomyopathies hypertrophiques (CMH).

Parmi les CMH, certaines maladies entraînent un amincissement (atteinte de la fonction systolique).

Chez le chat, ceci était surtout dû à un manque de Taurine. Cette forme de CMH est devenue rare.

D'autres maladies entraînent un épaississement concentrique du myocarde ventriculaire gauche (réduction du flux sanguin dans le myocarde).

L'hypertrophie myocardite se rencontre également lors de l'évolution de certaines affections : Affections endocriniennes (Hyperthyroïdie, acromégalie), affections vasculaires (hypertension artérielle) ou affections cardiaques (myocardite consécutive à une infection virale : PIF, FeLv, Fiv).

Symptômes et diagnostic de la CMH : Cette maladie concerne les chats de toutes races, quel que soit leur âge ou leur sexe. Le délai d'apparition des symptômes est variable dans le temps -voir quasi inexistant- allant de l'absence de manifestation clinique à la mort subite. Cependant, on observe généralement une diminution de l'appétit, dyspnée, paralysie d'une patte, froideurs des extrémités,...

L'auscultation peut ne rien révéler, de même qu'une radiographie ne permettra pas de visualiser certains signes.

L'échocardiographie a fait évoluer le dépistage de la maladie surtout lorsqu'il n'y avait pas de signes cliniques évocateurs à l'auscultation. Pour obtenir un bon dépistage, il est primordial qu'il soit effectué avec du matériel performant et par un bon manipulateur.

En revanche, la radiographie est indispensable pour confirmer l'œdème pulmonaire.

Certaines races sont plus enclines à avoir cette maladie : Le chat de gouttière, le Maine Coon et dans plusieurs familles de chats «croisés» de «shorthair» ou d' «européen». Parmi ces races, les plus touchées sont : Maine Coon, Ragdoll, Persan, British, Sphynx.

En 2005, une équipe américaine (MEURS et AL.) a découvert une mutation au sein du gène MyBPC3 sur une colonie de Maine Coon. Il s'agit d'un défaut concernant un point de ce gène provoquant un point de fragilité dans la protéine qui alors est rapidement dégradée au lieu d'être intégrée au sarcomère. Ce défaut compte des Homozygotes et des Hétérozygotes.

Cette forme de cardiomyopathie hypertrophique associée à la mutation A du gène MyBPC3 est appelée HCM1.

Actuellement, le dépistage génétique des CMH concerne uniquement la HCM1 du Maine Coon. Récemment, une mutation concernant le gène MyBPC3 a été mise en évidence chez le ragdoll.

Cette mutation n'a pas été mise en évidence dans d'autres races mais des mutations similaires (n'ayant pas la même localisation génétique et ne répondant pas au test «MCO/HCM1) devraient être mises en évidence dans l'avenir.

Chez l'homme ou la recherche est plus avancée, on dénombre 240 mutations avec 7 gènes.

Nouveau mode de dépistage : Le doppler tissulaire (DTI), permet de compléter l'échocardiographie, Doppler traditionnelle.

Traitements et dépistages : Côté traitement, la pharmacopée vétérinaire n'est pas très bien pourvue. La thérapeutique actuelle permet de combattre l'insuffisance cardiaque congestive, d'améliorer les fonctions diastoliques et systoliques et de traiter -ou prévenir- les trombo-embolies. Le dépistage peut être fait de deux façons :

Par rapport au phénotype : Maladie visible, dépistage échographique,...

Par rapport au génotype : Il faut trouver le gène et mettre en évidence la protéine mal codée (ADN). Des tests performants existent pour le Maine Coon et le Ragdoll. Cependant, il faut être prudent car : Un chat qu'il soit positif ou négatif pour le MyBPC3 est juste «porteur» ou «non porteur » de cette mutation ; Un chat peut être porteur et ne pas développer la maladie.

La connaissance du devenir clinique des chats homozygotes ou hétérozygotes pour la mutation MyBPC3 est encore imprécise.

Il semble que les Homozygotes développent assez rapidement une forme grave de CMH. Il est donc nécessaire de les retirer de la reproduction.

Les Hétérozygotes sont plus nombreux et l'atteinte par le CMH est plus tardive et moins violente.

Certains de ces chats ne développeront jamais la maladie (porteurs sains). Il convient de les surveiller en continuant le dépistage échographique.

Est-il prudent de retirer les hétérozygotes de la reproduction ?

Afin de maintenir la diversité des pôles génétiques de la race, on peur marier un chat hétérozygote

avec un chat sain mais 50% de la descendance sera atteint.

Retirer tous les hétérozygotes de la reproduction entraîneraient une diminution de la diversité génétique et déboucheraient immanquablement sur le développement d'autres tares.

En conclusion : Les CMH chez le chat sont des maladies graves, irréversibles, difficiles à traiter.

On situe l'âge moyen des chats atteints de CMH autour de 3 ans.

Le programme d'éradication repose sur les résultats des 2 méthodes de dépistages évoquées ci-dessus.

La collaboration entre éleveurs, praticiens, cardiologues et généticiens est nécessaire pour vaincre la cardiomyopathie hypertrophique.

Actuellement, des études sont menées afin de mettre au point des tests de dépistage. C'est un travail difficile, il faut des chats «sains» et des chats «malades» pour mener à bien ces programmes de recherche.

 

POLYKYSTOSE RENALE (PKD) : CE N'EST PAS SEULEMENT UN TEST GENETIQUE :

(I. TESTAULT, groupe d'imagerie et groupe de cardiologie – Centre hospitalier vétérinaire ATLANTIA – NANTES)

En France, on rencontre plus fréquemment la maladie chez le Persan (PKD1) et les races apparentées : Exotic shorthair et British. Chez le Maine Coon, il s'agit d'une autre mutation (PKD2).

D'autres races peuvent être touchées suite à un croisement accidentel avec un chat de type persan, porteur de la maladie.

Aucun cas de PKD1 n'a été rapporté chez les Birmans, Chartreux, Norvégiens.

Présentation de la maladie et signes cliniques : La maladie polykystique du Persan (PKD) est une maladie génétique (héréditaire) à mode de transmission autosomal dominant – c'est à dire que tous les animaux porteurs de cette anomalie génétique présentent des kystes rénaux (cortex et la médulla rénale) et, éventuellement, sur d'autres organes (fibrose hépatique et pancréatique). L'atteinte est toujours bilatérale. La taille des kystes augmente avec l'âge alors que leur nombre reste constant.

Une étude récente a montré que : 48% des chats atteints de polykystose rénale présentaient aussi une fibrose hépatique.

Symptômes : Insuffisance rénale, augmentation de la prise de boisson, troubles digestifs, amaigrissement, signe d'hypertension artérielle, apparition brutale d'une cécité, anomalies à l'auscultation cardiaque. Seuls les chats fortement atteints (taille et nombre de kystes important) présentent les signes cliniques de la maladie.

Diagnostic : Les signes cliniques de la maladie étant peu évocateurs, le diagnostic repose principalement sur certains examens :

La radiographie : Peu sensible, elle permet juste de constater une néphromégalie bilatérale (souvent détectable à la palpation) sans qualifier la lésion responsable.

L'échocardiographie : C'est l'examen de choix en complément de la palpation des reins. Cet examen n'est valable qu'à partir de 9 mois, les kystes étant trop petits avant cet âge (93% de réussite). Cet examen présente un intérêt sur les races ou d'autres mutations que la PKD1 peuvent être incriminées (exemple : Maine Coon).

Le dépistage génétique : Les tests génétiques (depuis 2004) permettent un dépistage à partir de 10 semaines. Ils sont plus sensibles et plus performants que l'échocardiographie. Le résultat est fiable à 99%. Néanmoins, suite à un test génétique, l'échocardiographie permet de surveiller l'évolution de la taille des kystes.

Statistiques sur la présence de la mutation PKD1 : Persan, 26% - Exotic, 37% - British, 12% -Maine Coon, 1% de dépistés par des tests génétiques (source : Laboratoire Antagène.

Traitement : A l'heure actuelle, il n'existe pas de traitement spécifique de la maladie. Seules les pathologies symptomatiques peuvent être traitées lorsqu'elles commencent à s'exprimer cliniquement.

Eradication : Les chats "Homozygotes" pour la PKD1 ne sont pas viables (les chatons meurent in utero).Il reste : les "Hétérozygotes" et les chats "sains".

Un chat "Hétérozygote" – génétiquement intéressant – peut être marié avec un chat "sain". Le résultat sera de 50%/50%. Ceci permet de diminuer, progressivement, la maladie tout en maintenant le pôle génétique de la race.

 

LE BIEN-ETRE DU CHAT D'ELEVAGE : (G. CASSELEUX, déjà cité)

La notion de bien-être est plus complexe qu'il n'y parait. Elle peut induire, chez certains, une connotation d'anthropomorphisme.

Définition de la notion de Bien-être : Le type de rapport, l'intérêt ainsi que la notion de Bien-être sera différente en fonction des diverses personnes qui gravitent autour du monde du chat. Interrogées sur ce sujet, chacun donnera une définition différente en fonction de sa sensibilité et de son (ou ses) expériences.

Les anglais distinguent LA NOTION DE BIEN-ETRE (WELL BEING) de LA NOTION DE BIENTRAITANCE (WELLFARE). En 2007, l'académie vétérinaire (France) s'est intéressée à ces deux notions en définissant LA NOTION DE BIEN-ETRE par opposition à LA NOTION DE MAL-ETRE (plus facilement mesurable) :

 "La bientraitrance participe (...) d'une volonté visant à satisfaire les besoins physiologiques et comportementaux propres à chaque espèce et à chacun de leurs milieux de vie, dans le but d'atteindre, chez l'animal, au-delà de l'état d'adaptation, un état imaginé comme comparable à l'état de bien-être chez l'homme." Cette notion comporte donc la volonté de l'homme à supprimer les facteurs à l'origine de mal-être.

Le mal-être peut s'exprimer de diverses façons : Plus grande sensibilité aux maladies, modifications comportementales (Trouble du comportement d'élimination -hors de la litière-, conflits agressifs, trouble du comportement maternel, trouble du comportement alimentaire -boulimie/anorexie-, arrêt du comportement de toilettage). Bien entendu, toute modification comportementale doit faire l'objet d'un diagnostic vétérinaire, complémentaire, afin d'éliminer les maladies.

La nature profonde du chat : Le chat est-il un animal territorial ou un animal social ?

Les Félidés sont majoritairement considérés comme des animaux territoriaux. Toutefois, certaines espèces sont structurées en groupes sociaux ; L'exemple le plus connu : Le Lion. Le chat sauvage, selon les éthologues, est un animal territorial (solitaire). Chez le chat domestique, c'est moins tranché. On observe les deux types de comportements, la structure solitaire ou sociale pourrait être influencée par le milieu de vie. Exemple : Dans les colonies de chats errants, on observe une corrélation entre la taille des colonies de chats et la concentration des ressources alimentaires – Des femelles élèvent leurs chatons ensemble,... A l'opposé, les chats ont tendance à vivre en solitaire lorsque les proies sont rares et dispersées.

Est-ce la domestication du chat qui est à l'origine de l'apparition de la structure sociale ? On est en droit de se poser la question.

Compatibilité de l'élevage félin avec le bien-être du chat : En élevage, le cheminement est à l'inverse de ce que nous avons vu ci-dessus, l'éleveur s'attache à créer artificiellement un groupe de chats.

Et si le chat de race était différent ? Peut-on considérer un chat de race (élevé et sélectionné par la main de l"homme) de la même façon qu'un chat haret (chat libre et autonome rattaché à un foyer humain) ? Apparemment pas. Le travail de l'homme rend impossible l'assimilation du chat de race avec celui du chat haret.

90% des chats de race sont issus d'élevages familiaux. Dans ce type d'élevage, les conditions d'élevages sont proches de celles que le chat aura dans son futur lieu de vie en qualité de chat de compagnie.

Quels sont les critères de bien-être du chat en élevage :

Les 2 principaux critères sont :

1. Eviter la surpopulation qui augmente la charge microbienne, facilite la transmission de germes et favorise l'apparition de comportements stressants (conflits, par exemple). Où commence la surpopulation? Il n'y a pas de règle, ni de définition rigide! Certains chats seront plus tolérants face à la promiscuité avec des congénères alors que d'autres verront leur état de bien-être altéré dès l'introduction d'un autre chat.

  1. Il convient d'observer le comportement des chats et d'en tirer les conclusions.

L'enrichissement du milieu. Il est difficile d'établir la recette-type en matière environnementale, cependant, tout matériel ou toute procédure tendant à enrichir le milieu favorise (en règle générale) son bien-être.

Le chat d'élevage à des besoins physiques (nourritures, eau, litière) et comportementaux (griffoirs, perchoirs, aires de repos, jeux -seul ou interactif comme de la nourriture cachée-,...).

Le chaton aura besoin de "se faire sa base de données" avant de partir. Le chaton "enregistre" les bruits et repères de son milieu ambiant (Avant ses 6 semaines). Il apprendra à respecter les aires de nourrissage, d'abreuvement, d'élimination,...

L'éleveur est aussi un sélectionneur. Les critères seront morphologiques mais aussi génétiques (aptitudes à devenir un bon compagnon). Depuis le décret du 28 août 2008 (article 214-23), c'est même devenu une obligation légale :

"La sélection des animaux de compagnie sur des critères de nature à compromettre leur santé et leur bien-être ainsi que ceux de leurs descendants est interdite."

Cet article de loi pose la question sur les limites de la sélection. Doit-on continuer à élever des races telles que le Scottish ou le Manx (mutation délétère) ? Il appartient aux éleveurs d'anticiper ! Conclusion :

L'élevage du chat de race étant, principalement de type familial, certaines thèses tendent à penser que, dans un avenir plus ou moins proche, le chat de race se distinguera des autres chats : Ce sera un animal social.

Quel est la recette du BIEN-ETRE DU CHAT D'ELEVAGE ? Il n'y a pas de recettes, il faut faire preuve de Gros Bon Sens (GBS)!

 

LA REPRODUCTION ASSISTEE DANS L'ESPECE FELINE : EST-CE POSSIBLE ?

(X. LEVY, Dip. ECAR – Centre de Reproduction du Sud Ouest [CRECS] – L'ISLE JOURDAIN)

L'espèce féline est extrêmement prolifique et la tendance tendrait plutôt à limiter les naissances.

Néanmoins, la reproduction assistée à un rôle à jouer afin de préserver des races (et des espèces de félidés) menacées.

Le développement du chat de race progresse (17000 pedigrees/an) et son développement nécessite un travail de sélection des individus reproducteurs et une maîtrise du calendrier des naissances.

La reproduction doit être choisie et non plus subie.

Quels sont les objectifs de la reproduction assistée :

·Sélection du mâle et de la femelle en limitant les risques de transmission de maladies

·Franchir les limites géographiques sans déplacement

·Permet de réduire le nombre de mâles entiers dans l'élevage

·Maîtriser le cycle sexuel de la chatte (réduction de cycle long, limiter l'impact saisonnier,...)

·Développer les biotechnologies (congélation -semence, ovules, embryons-, transfert d'embryons,...)

L'insémination artificielle :

La chatte est une espèce à "ovulation provoquée" – Elle doit être saillie à une période déterminée de ses chaleurs et à plusieurs reprises dans un intervalle de temps assez court pour pouvoir ovuler et être fécondée.

Le préambule à l'insémination artificielle est le contrôle du cycle de chaleur et le déclenchement "assisté" de l'ovulation.

De nos jours, on peut :

- Evaluer le jour idéal pour induire l'ovulation : Jour de chaleur, échographie ovarienne,...

- Déclencher l'ovulation à l'aide de protocoles variés (stimulation vaginale avec un écouvillon, injections d'hormones,...)

La technique d'insémination :

La semence peut être, soit déposée dans le vagin de la chatte, soit directement dans son utérus.

La voie intra-utérine semble être la meilleure méthode lorsque l'on utilise une semence réfrigérée/congelée ou fraîche (juste après la récolte) mais peu concentrée.

PAR VOIE VAGINALE : Techniquement facile

PAR VOIE UTERINE : Techniquement plus complexe. La lumière du vagin d'une chatte en chaleur est très réduite (1mm, environ) et se termine par le col de l'utérus(zone difficile à franchir : 1, 2 à 1,5 mm).

De récentes études montrent la possibilité technique de pénétrer dans l'utérus par voie vaginale (absence de traumatisme) comme cela se pratique chez la chienne.

La taille de l'utérus de la chatte limite les possibilités par voies naturelles sans opération et les taux de réussite sont insuffisants (10 à 20%) - Bien moins que chez le chien. 50 à 60% de résultats positifs quelle que soit la façon de faire.

Le prélèvement de sperme et sa conservation :

Prélèvement par masturbation : C'est possible mais cela demande que le mâle soit docile (long temps d'apprentissage. Ce fait en présence de femelles en chaleur.

Prélèvement éjaculation par stimulation nerveuse ou par cathétérisme urétral : Ces méthodes nécessitent une anesthésie générale de quelques minutes. La concentration en spermatozoïdes est souvent plus faible que lors de saillies naturelles.

Conservation des spermatozoïdes : La semence peut être réfrigérée ou congelée.

Réfrigération : Conservation provisoire (quelques jours) en vue d'une insémination.

Congélation : Conservation à long terme. Permet de stocker les spermatozoïdes d'un chat afin de préserver son patrimoine génétique.

Il faut environ 5 fois plus de spermatozoïdes congelés que de spermatozoïdes frais pour obtenir le même taux de réussite. Les techniques actuelles de conservation de la semence nécessitent d'être encore améliorées.

Les autres techniques de contrôle du cycle sexuel de la chatte et du chat :

La maîtrise du cycle sexuel de la chatte peut se faire à l'aide de programmes lumineux. Il existe aussi des protocoles médicamenteux (chat et chatte).

NOUVEAU : Technique de blocage provisoire de reproduction chez le chat sans altération ultérieure de sa fertilité. Cette technique permet de limiter les nuisances adjacentes (marquage, odeurs d'urines, par exemple!).

Il s'agit d'Implants de GnRH (gonadolibérine). C'est une neurohormone utilisée pour les castrations chimiques transitoires. Elle provoque le blocage de la sécrétion des testostérones (6 à 12 mois).

Actuellement, on manque de recul et cette nouvelle technique n'a pas encore reçu d'AMM

(Autorisation de Mise sur le Marché). Elle est utilisée, avec succès, chez le cheval et sert chez le chien dans le cas de la gestion des problèmes liés à la prostate.

Conclusion :

La reproduction assistée dans l'espèce féline est possible mais de nombreux progrès doivent être faits avant qu'elle ne devienne une pratique courante pour l'éleveur.

Actuellement, en France, il y a 4 centres de reproduction assistée (Paris, Lyon, Nantes, Toulouse).

 

INTERET DU GROUPAGE SANGUIN EN ELEVAGE :

(L. CHABANNE, Médecine interne – Département des Animaux de Compagnie – ENVL – MARCY L'ETOILE)

Le groupage sanguin permet de déterminer le groupe sanguin et de prévenir les maladies liées à une éventuelle incompatibilité sanguine.

Ces groupes sanguins correspondent à un ensemble d'antigènes portés par les érythrocytes (globules rouges) indépendants les uns des autres et génétiquement déterminés.

Chez le chat, un seul système est actuellement connu : le système AB (groupe A, groupe B, groupe A/B). On rencontre deux groupes principaux : "A" & "B".

REPARTITION DES GROUPES CHEZ LES CHATS "TOUT VENANT" :

Groupe A = 90% - Groupe B = 10% - Groupe A/B = rare

REPARTITION DU GROUPE B CHEZ LE CHAT " DE RACE" (Varie selon les études et les pays) :

BRITISH : La moyenne est de 40 à 60%, 70% en Grande-Bretagne et USA, 22% en France –

CHARTREUX : 19% (étude récente de l'UMES) - SACRE DE BIRMANIE : 22% - DEVON REX :

31% - PERSAN & MAINE COON : 4% - SIAMOIS : quasiment 0% le Groupe A est majoritaire.

Le groupe A/B est rare, on manque encore de connaissance sur ce groupe. Enfin, il n'y a pas d'équivalent du groupe O chez le chat.

Le support génétique du système AB a été mis en évidence en 2007 (Hans quigerert). Des groupes sanguins supplémentaires pourraient exister ; Récemment un nouvel antigène érythrocytaire appelé MIK a été décrit.

La présence d'allo-anticorps naturels associés aux groupes sanguins est bien connue (depuis les années '50) :

·1/3 des chats du groupe A a des anticorps "anti-B"

·Tous les chats du groupe B ont des anticorps "anti-A"

·Les chats du groupe A/B n'ont pas d'anticorps de ce type.

Les risques encourus par le chaton : Outre les risques encourus chez l'adulte lors de transfusion sanguine (incompatibilité entre 2 groupes sanguins), il y a la maladie hémolytique néonatale qui peut survenir chez le chaton, participant au syndrome de dépérissement du chaton nouveau-né (fadding kitten disease).

Le placenta des carnivores (dont le chat) est de type endothéliochorial (diffusion faible des anticorps)contrairement à celui des primates (dont l'homme) ou il y a beaucoup d'anticorps qui passent à travers le placenta.

Les signes les plus fréquents de la maladie hémolytique du chaton sont :

Mort brutale dans les premiers jours, asthénie, difficultés à téter, pâleur intense des muqueuses, hémoglobinurie, ictère, anorexie passagère, perte de poids, simple retard de croissance,...

Chez le chaton survivant, une nécrose du bout de la queue ou du bord des oreilles peut se développer environ deux semaines après la naissance.

Enfin, certains chatons ne présenteront aucun signe clinique mais des anomalies biologiques peuvent être mises en évidence (anémie modérée).

Les difficultés du diagnostic en néonatalogie ainsi que la rapidité de l'évolution de la maladie rendent difficile la mise en place d'un traitement.

Le retrait immédiat du chaton, les 24 à 36 premières heures, permet de limiter les phénomènes induits par la maladie ; Au-delà de cette période, les anticorps maternels ne traversent plus la barrière intestinale.

Prévention de la maladie hémolytique néonatale : La prévention passe par la prise en compte des groupes sanguins et un choix raisonné des accouplements.

Les techniques de groupage sanguin existent depuis les années '80 mais ce n'est que récemment que des "kits réactifs" ont été développés permettant une utilisation "au chevet du malade".

Présentation des différentes techniques :

·Vgt.davis.eds (UC.Davis) – test génétique basé sur le B, permet sur le A de déterminer s'il est (encore) porteur de B.

·Test effectué en laboratoire (phénotypique)

·Tests rapides :

– Kits RapidVet-H Féline (laboratoire DMS – www.rapidvet.com) Carte de groupage (utilisation peu pratique). Reste mal distribuée en Europe.

– Quick Test A+B (ALVEDIA – www.alvediavet.com) Permet de se dispenser de l'utilisation des cartes de groupage. Des anticorps monoclonaux très spécifiques ont remplacé les réactifs précédemment utilisés. Test fiable, les agglutinations faibles sont bien détectées de sorte que les chats de groupe A/B sont correctement mis en évidence.

Ce test a été validé sur du sang veineux, aucune validation n'ayant été fait sur le cordon, ceci reste valable mais ne peut être garanti à 100%.

Conclusion : Il est souhaitable de connaître le groupe sanguin des chats avant toute saillie. Il est préférable d'éviter de faire saillir une chatte de groupe B par un mâle de groupe A. Si ce type d'accouplement est réalisé (préservation du patrimoine génétique), il conviendra de séparer le chaton comme indiqué ci-dessus (biberons ou chatte nourricière de groupe A). Cependant, on fragilise le chaton en le privant des anticorps d'origine maternelle (anticorps utiles à la protection anti-infectieuse).

Dans ce cas, il est recommandé de faire une séro prévention soit à l'aide de sérum d'individu de groupe A appartenant à l'élevage (2 à 3ml/chaton par voie sous-cutanée), soit en faisant boire au chaton du colostrum de chatte A préalablement récolté et conservé (congélation).

Enfin, déterminer le groupe sanguin des chatons avant qu'ils ne rejoignent leur famille présente un intérêt non négligeable.

 

PEUT-ON ERADIQUER LA TEIGNE EN ELEVAGE ? :

(DN. CARLOTTI, DVM,Dip ECVD, Dermatologue – BORDEAUX-MERIGNAC)

Les dermatophytoses ou dermatophyties ou teignes (lorsqu'il y a envahissement pilaire) sont des dermatoses dues à un champignon filamenteux (Microsporum canis est le plus courant chez le chat).

Une suspicion de teigne doit toujours être confirmée (ou infirmée) par un diagnostic expérimental rigoureux effectué grâce à quatre examens complémentaires :

Examen en lumière de WOOD : L'utilisation de la lampe de WOOD est assez décevant car elle ne permet de voir que 50% des spores - Examen direct - Histopathologie et surtout culture mycologique.

Une guérison spontanée est possible en quatre mois (Réponse immune immédiate et efficace) mais il y a un risque de recontamination dans le milieu ambiant.

Traitements des dermatophytoses : La tonte est fortement recommandée.

Traitement topique : sur la peau (sur toute la surface du corps) mais toujours être associé à un traitement systémique (Balnéation – anti-fongique systémique) afin d'éviter les risques de chronicité.

Ceci permet d'accélérer la guérison clinique et mycologique. De plus cela contribue à éviter la contamination de l'environnement.

La balnéation doit être faite 2 fois par semaine (sans rinçage). Les produits les plus efficaces sont :

l'énilconazole, miconazole (sous forme de shampoings et balnéations),

le chlorhexidine (shampoing) seulement disponible en Grande-Bretagne, USA – lotion, qu'au USA)

le lime sulfur (uniquement disponible aux USA).

Traitement systémique : Doit toujours être employé jusqu'à la négativité des cultures.

On doit utiliser des agents reconnus pour leurs efficacités, tel que : griséofulvine micronisée, itraconazole.

On doit éviter d'utiliser : la terbinafine (effets secondaires préoccupants chez le chat), le lufénuron dont l'intérêt thérapeutique n'a pas été démontré et l'intérêt préventif est faible ou nul.

Le traitement systémique doit être continué un mois après la négativation des cultures.

Rechercher d'autres maladies :

Une recherche d'immunodéficit viral s'impose :

FIV : prévalence de la teigne M.canis, trois fois supérieure – Même chose avec la FeLV.

En cas de chat positif, le traitement est difficile (pronostic réservé). L'emploi de la griséofulvine est formellement contre-indiqué.

La recherche d'une maladie débilitante : PIF, cancer, diabète,...

Il est vivement conseillé de cesser toute thérapeutique immunosuppressive : corticoïdes, acétate de mégestrol,.

Traitement de l'environnement : doit être fait jusqu'à 18 mois après la fin de la négativation des cultures. Ceci correspond au délai de présence de spores dans le milieu ambiant.

Il faut procéder à un nettoyage soigneux : aspiration et usage de détergents (Eau de Javel diluée au 10° ou à l'enilcolazole (Jansen® – solution à 0,2%).

Gestion de la chatterie : En fonction du nombre de pièces (protocoles à 1,2,3 pièces) dont on dispose : Soit le traitement de tous les chats – Soit la séparation de ceux avec une culture positive de ceux avec une culture négative.

Il faut isoler les chattes gestantes e